
On a l’habitude chez soi d’avoir des verres, souvent aussi du vert et même certaines des pantoufles de vair. Mais des vers, en général c’est mauvais signe…
Sauf dans le compost !
J’ai obtenu un lombricomposteur offert par la Mairie de Paris en Mars dernier. Je l’ai mis en route le 27 avril avec les vers qu’ils m’ont fournis.
Voila donc mon expérience sur ce démarrage et les questions qu’on me pose le plus souvent :
- Mais quelle idée ! Pourquoi faire ?
Nos poubelles sont constituées en moyenne de 20 à 30% de déchets organiques (restes de repas, épluchures, thé… etc).
C’est environ 80kg de déchets par an par habitant.
Ils sont plein d’eau, il est donc tout à fait inefficace, voir contreproductif, de les envoyer à l’incinérateur ! Ça coûte de l’argent à la collectivité et ça pollue. D’autant plus qu’ils peuvent être utiles pour nourrir et faire pousser d’autres organismes.
C’était donc important pour moi dans une démarche écologique et pragmatique, mais n’ayant pas de composteur collectif près de chez moi, il a fallu que je trouve une solution individuelle : le Lombricomposteur.
- « Lombri »… Tu veux dire qu’il y a des vers de terre à l’intérieur ?
Oui, ce sont des lombriciens (et pas des lombrics), ou autrement appelés des vers « Eisenia ». Ils vont accélérer le processus de décomposition des déchets pour reproduire ce qui se passerait au sol d’une forêt par exemple. Ils mangent et digèrent chaque jour la moitié de leur poids.
- Mais ça doit prendre de la place de ouf, être moche, sale, puant… l’enfer quoi !
NON c’est fait pour. Voila à quoi ressemble le mien. Il est beau non ? (et en plastique recyclé, made in France tout ça…)
Au départ on n’utilise qu’un seul bac gris. Il faut compter une occupation de 40 x 40 cm au sol, et jusqu’à 75 cm de haut.
NON ça ne sent pas mauvais. Déjà, c’est comme une poubelle, si vous ouvrez le couvercle et reniflez, ça sent. Sauf que là, ça sent plutôt la forêt, le sous-bois, voyez ?
NON les vers ne partent pas en voyage dans votre salon. Ils aiment l’obscurité et l’humidité. Pour qu’ils décident de sortir de ce confortable cocon que vous leur fournissez, il faudrait que ce soit sacrément toxique pour eux là-dedans. Et quand bien même, sur le sol sec de votre cuisine ils se dessécheraient avant d’avoir parcouru 1m.
Attention, le système est fait pour l’intérieur. Il vivra très bien dans votre cuisine ou la cave. Si vous voulez le mettre dehors, sur un balcon par exemple, il faut se souvenir que les vers n’aiment pas les températures extrêmes. Il faudra donc les abriter du gel et du soleil direct. Entre 15 et 25°C ils sont bien.
- OK OK, du coup, on y met quoi ?
Les vers sont végétaliens. Donc pas de viande, ni poisson, ni produits laitiers (donc pas un reste d’épinards à la crème). Les coquilles d’oeufs bien lavées peuvent avoir un intérêt pour équilibrer l’acidité, mais ils ne les « mangent » pas. En vrai, ces déchets pourraient se décomposer aussi dans le système, mais le processus serait ralenti et leur odeur attirerait d’autres rongeurs et insectes. Le but n’est pas de monter un zoo non plus…
Les vers ont aussi des restrictions alimentaires. Ils ne supportent pas l’excès d’acide donc pas de peaux d’agrumes, ni les trucs piquants (pas d’ail, d’oignons, d’échalottes…)
Les vers n’ont pas de dents ! Il faut donc essayer de leur fractionner les éléments qu’on leur met, ça permettrait au processus de se faire plus vite.
Les vers sont au régime. La décomposition n’est pas synonyme de pourriture. Donc des fruits trop « tapés » qui commencent à moisir et qui ont déjà des petits moucherons qui volètent autour risque de fermenter dans le composteur, dégager de fortes odeurs, chaleurs et favoriser la prolifération des moucherons.
Ils n’aiment pas trop les céréales non plus. Le pain, les pâtes, le riz, c’est peu recommandé.
A part ça, on met tout le reste ! Les épluchures de légumes, les trognons de fruits, les restes de repas sans sauce avec des légumes crus ou cuits, le marc de café et les sachets de thé (avec les filtres en papier même si vous voulez).
On doit y mettre aussi des matières sèches, pour équilibrer le processus. Ça régule l’humidité et structure le tas pour faire circuler l’oxygène. En gros du carton, à part égale des matières organiques. Pour faire simple, on garde une boite sous le machin avec des boutons de cartons en morceaux dedans (emballages non plastifiés, boites d’oeufs mais aussi journal et kraft). A chaque fois qu’on met une poignée d’épluchures, on met une poignée de carton. Voila.
- Et ça fait beaucoup de compost après ? On en fait quoi ?
Alors si vraiment on compostait les 80kg de déchets humides moyens d’un parisien, on obtiendrait 16kg de compost dans l’année. Mais on n’a bien vu au dessus qu’on ne mettait pas tout ça. Et comme vous faites attention au gaspillage, vous ne jetez presque pas de légumes, et comme vous mangez bio, vous cuisinez avec la peau. Donc en fait, en réduisant le volume de déchets à la source, on ne se retrouve pas sous une montagne de compost 🙂
Et puis c’est long et progressif. On commence à avoir du compost frais après 6 mois environ. C’est un excellent terreau nutritif pour les plantes, en ajout ponctuel ou mélanger avec la terre pour rempoter par exemple. L’occasion de végétaliser votre intérieur ou votre balcon non ?
On récupère par contre plus régulièrement du « thé » ou « jus » de compost. C’est le liquide de l’ensemble qui s’écoule via un petit robinet en bas du machin. C’est un engrais ultra concentré. On peut le mettre dans les plantes mais en le diluant à 1 / 10 d’eau.
Si on en a trop, on peut toujours le jeter dans les canalisations, c’est 100% naturel et ça n’est d’aucun danger pour les espèces marines au bout du tuyaux. Ce sera même nutritif !
- C’est quand même contraignant pour les vacances non ?
Les vers vivent la slow life. ils ont besoin de beaucoup moins d’apports qu’on le pense pour survivre. A moins de partir plus de 4 semaines (veinard…) vous n’avez pas à vous inquiéter d’eux en votre absence.
Pour ma part, je suis partie en voyage 10 jours et je n’avais pas mis assez de carton dans mes derniers apports. Du coup en rentrant, le tout était trop humide et de la moisissure s’est développée sur le « tapis » qu’on pose sur le dessus. C’est moche mais c’est pas grave, ça ne gène pas du tout les vers. Les champignons font partie du procédé de compostage. J’ai ajouté du carton pour rééquilibrer ça et j’ai ouvert le robinet pour que l’excédent de liquide s’écoule. Les vers sont bien grouillant là dedans, tout va bien.
Alors, vous vous y mettez ?
Belle présentation du lombricompostage. C’est très clair, sans éluder les questions complexes. Merci !
Merci ! Je suis contente que ça vous parle !
Merci pour votre article et pour casser les (nombreux) préjugés du lombricompostage ! Ce sont grâce à des articles comme le vôtre que la pratique se démocratise.
Merci ! Chez nous ça bouge pas mal, il y en a même dans la cour de l’école maternelle de mon fils 💪🏼